LE PARISIEN
16/07/2022
Nos 18 coups de cœur du Festival Off d’Avignon 2022 « Courgette » : et Icare prit son envol…
Par Sylvain Merle et Grégory Plouviez
Il semblait s’être brûlé les ailes d’entrée de jeu, Icare qu’on appelle « Courgette ». Après un accident dans lequel il perd sa mère — alcoolique et violente — le garçon vit en foyer. Avec
Ahmed, Simon et la jolie Camille, ils se reconstruisent au fil des jeux et des rencontres avec la psy ou le gendarme Raymond qui l’a pris sous son aile…
Tiré d’« Autobiographie d’une Courgette », de Gilles Parisdont l’adaptation au cinéma, « Ma vie de Courgette », était allée jusqu’aux Oscars, ce spectacle nous a cueilli. Scotché. Par son propos, le monde vu par un gamin solaire malgré tout, l’innocence de l’enfance. Dans sa forme encore. Co-adaptant avec Garlan Le Martelot, qui campe Courgette avec une vive espièglerie, Paméla Ravassard signe une mise en scène renversante, mariant idéalement jeu et musique.
Guitare, basse, batterie ou clavier… les comédiens-musiciens viennent régulièrement soutenir, bruiter ou ponctuer un récit drôle et enlevé porté par leur jeu vif. On reconnaît l’harmonica déchirant du titre « Jimmy » de Moriarty, ou l’élan vital de « Droit devant » des Cowboys Fringants, qui colle tant à cette histoire de résilience. Un spectacle qui touchera tous ceux pour qui l’enfance conserve cette indispensable part de magie.
La Marseillaise
… Grâce à Courgette on vit un moment vaporeux hors du temps, hors des noircerus dont nous barbouillent tous les médias. On rit, on pleure, on chaparde quelques moments de bonheur: un foyer pour enfants peut être un semblant de paradis. On veut y croire et ça fait un bien fou.
Jean- Louis Châles
L’OEIL D’ OLIVIER
Le 18 juillet 2022
Courgette, le récit tendre et acidulée d’une enfance écorchée
Courgette n’est pas né sous les meilleurs cieux. Martyrisé et battu, il rêve de tuer le ciel, qui, à ses yeux d’enfant, est le grand responsable de ses malheurs, du désamour de sa mère, une femme aigrie et alcoolique. Un jour de grand soleil, alors qu’il s’ennuie. Il trouve un pistolet dans une vieille boite, l’outil parfait pour en finir avec le bleu azuréen qui le nargue. Un premier coup part, Rien ne se passe. Alertée, sa génitrice sort en trompe de la maison. Une bagarre s’en suit. Un second est tiré, et c’est le drame.
Une vie aux Fontaines
Orphelin bien malgré lui, pris sous l’aile d’un gendarme un peu bourru, ami très sympathique, Courgette est conduit aux Fontaines, un centre éducatif dépendant de la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Commence alors pour le jeune garçon, une autre vie, loin de la tragédie, faite de rencontres, de découvertes, d’aventures et enfin de tendresse. Un peu solitaire, un brin candide et surtout trop gentil, il va apprendre à se reconstruire, à s’intégrer à un groupe, à se faire des amis et à ressentir les premiers émois amoureux. En choisissant de croquer cette histoire humaine à partir du regard de l’enfant, Gilles Paris signe un conte contemporain joliment naïf. Évitant l’écueil de toute mièvrerie, il esquisse en creux de l’assez idyllique parcours initiatique de Courgette, une réalité dure et
violente, celle de ces enfances écorchées, de ces mineurs en marge de la société qui ne connaissent du monde que les foyers où on les place.
Du pop, du rock et swing
Pas facile de passer après le succès critique et public du film d’animation multirécompensé, sorti en 2016. Qu’à cela ne tienne, Pamela Ravassard n’a pas froid aux yeux, elle aime les défis. Et celui est à la hauteur de ses envies. Avec son complice, Garlan le Martelot, ils remontent leurs manches, se plongent dans l’œuvre de Gilles Paris et signent une adaptation ciselée de toute beauté qui en révèle toute l’essence théâtrale. Mise en scène rythmée et interprétation virtuose font le reste. En conjuguant les arts de la scène – musique, théâtre et danse -, les deux artistes réussissent grandement leur pari.
Une troupe virevoltante
Au de-là de sa manière très précise de diriger les acteurs, la grande force de Pamela Ravassard est de savoir très bien s’entourer. Son casting est parfait. Dans le rôle de Courgette, Garlan le Martelot est joliment ingénu. Sans afféterie, avec justesse, il se glisse dans la peau de ce petit garçon, cet adolescent. Il est tout à fait craquant. Autour de lui, l’irradiante Vanessa Cailhol, l’étonnant Florian Choquart, l’explosive Lola Roskis Gingembre et l’épatant Vincent Viotti se partagent la multitude des autres personnages. Comme dans une ruche, ils font feu de tout bout, mouillent leur chemise, tourbillonnent en tous sens pour donner corps et chair au roman. Le résultat est au rendez-vous. Entre rire et larmes, Courgette nous a conquis et fait parti de nos gros coups de cœur de ce Off 2022 !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé Spécial à Avignon
lamuse
Le 13 juillet 2022
Courgette, coup de cœur pour cette histoire aussi drôle qu’émouvante
Au départ de ce spectacle, il y a un film, Ma vie de Courgette (2017), lui-même adapté du roman de Gilles Paris, Autobiographie d’une Courgette. La mise en scène de Pamela Ravassard, pleine de trouvailles, donne une autre dimension à cette histoire, où l’émotion flirte avec la drôlerie, et en fait un spectacle tout public, plébiscité par les adultes au festival d’Avignon. Les comédiens sont d’autant plus talentueux qu’ils sont tous musiciens, Vanessa Cailhol, alias Camille, a, elle, une voix superbe.
Si l’horizon s’éclaircit pour Courgette et Camille, resteront ceux, qui sont « comme des fleurs sauvages que personne n’a envie de cueillir ». et tous de chanter en chœur, « Au Foyer des Fontaines, nous sommes tous cassés, c’est là qu’est notre enfance, jamais je ne l’oublierai. »
Isabelle D’Ercerville
Théatre.com
3 Juin 2022
La compagnie Paradoxe(s) nous a présenté un spectacle familial de grande qualité en adaptant le roman éponyme de Gilles Paris, Autobiographie d’une Courgette. En s’inspirant de cette très jolie histoire, Paméla Ravassard nous a offert un spectacle féérique où la résilience prend tout son sens.
Les comédiens interprètent plusieurs rôles dans un rythme percutant qui conjugue un joli récit mâtiné de musique et de chansons. Tour à tour interprètes et musiciens, ils transforment le propos en une palette harmonieuse de couleurs et d’émotions. Le passage du jeu à la musique se fait avec fluidité apportant un cachet lumineux au propos du spectacle.
A l’image de ce beau travail de mise en scène, saluons les performances de Garlan Le Martelot qui incarne Courgette et, sur qui repose l’essentiel du spectacle, et Vincent Viotti qui interprète avec un naturel confondant Raymond, un gendarme au grand cœur.
Ce beau spectacle, qui sied à la belle plume de Gilles Paris, nous transporte dans un univers rempli d’humanité et de sensibilité !
Laurent Schteiner
Classiqueenprovence
Le 24 juillet 2022
Un très joli conte raconté à hauteur d’enfant, mais pas un conte pour enfants .
Cette pièce est donc un très joli conte raconté à hauteur d’enfant, un enfant un peu naïf, très attachant. Mais ce n’est pas un conte pour enfants car les adultes y prennent aussi beaucoup de plaisir et passent par toutes les émotions, des larmes au rire. Le sujet est lourd : des enfants écorchés par la vie et le parcours initiatique qu’ils mènent pour se reconstruire, mais il est traité de manière à nous montrer le beau côté de la vie, malgré tout. La scénographie est extrêmement poétique et fait de ce foyer une sorte de cocon dans lequel on se sent bien. La musique et les chansons construisent cet univers joyeux et viennent nous réconforter à chaque moment de drame.
Garlan le Martelot incarne avec beaucoup justesse cet enfant. Tous les autres acteurs jouent tour à tour et avec talent les personnages qui l’entourent.
Un sujet difficile : celui de l’enfance maltraitée et orpheline mais traité avec une très grande douceur, une belle énergie, beaucoup d’humour et un magnifique message d’humanité qui fait du bien.
Sandrine Thurot
CULTURETOPS
Le 15 juillet 2022
Courgette
Trouver un chemin de vie, tracer sa route vers le bonheur quand tout s’est ligué contre vous dès votre prime enfance ; c’est ce que va vivre « Courgette », surnom donné au petit Icare. Il entre dans un foyer de réadaptation pour jeunes mineurs et va croiser la route de camarades aussi cabossés que lui. Il va nouer des amitiés et se fabriquer une nouvelle famille.
POINTS FORTS
Une distribution éblouissante de talent
Un texte émouvant et drôle
Un très beau regard sur l’enfance en difficulté
POINT FAIBLES
L’émotion est bien trop forte pour en trouver aucun ENCORE UN MOT
Une pièce optimiste, enthousiaste, fraternelle qui traite d’un sujet sensible avec toute la délicatesse que lui insuffle Pamela Ravassard sa metteure en scène. Un regard humain, sur ceux qui ont la lourde tâche de redonner goût à la vie et ce enfants perdus et faire naître l’espoir chez des enfants et des ados en mal de rêve. 10 ans, c’est l’âge des premiers émois et les émerveillements de Courgette sur toutes ses découvertes nous caressent le cœur.
Un spectacle tout public qui enchante le public dès 6 ans. Un spectacle nécessaire, un spectacle comme une caresse. Un spectacle où chaque interprète joue aussi bien d’un instrument de musique que de son propre instrument. Toutes les cordes sensibles vont vibrer sur ce joli oratorio mélodieusement harmonieux. Allezvous enchanter aux aventures de Courgette.
Jean-Pierre Hané
Dans L’oeil de S
LE 18 juillet 2022
Courgette
Il y a des spectacles qui nous offrent une parenthèse suspendue dans le temps et les airs, où la fiction prend le dessus sur la réalité et qui nous bercent pendant plus d’une heure dans un univers parallèle. Courgette, adaptation du roman de Gilles Paris » Autobiographie d’une Courgette », est de ces spectacles. Epopée sonore et émotionnelle, cette création de théâtre musical pleine d’optimisme n’a pas laissé mon oeil indifférent.
Quelle belle claque que ce spectacle tout en musicalité et d’une divine pureté. Je ne connaissais ni le roman, ni le film d’animation et je ne peux donc absolument pas faire la comparaison. Le livret qui nous est présenté est bien ficelé avec une écriture délicate, pleine de volupté et d’émotion, saupoudrée d’un brin d’humour aérien et bien dosé. Elle permet dès les premiers instants de s’attacher à ce personnage plein de vie et d’insouciance qu’est Courgette malgré son histoire dramatique. La musique s’insère merveilleusement au texte et lui offre une délicieuse touche de légèreté. La mise en scène est ingénieuse, divertissante et d’une belle virtuosité. Dynamique, elle nous tient en haleine et nous plonge avec poésie dans cet orphelinat où la vie n’est pas toujours tendre avec ses pensionnaires.
Pour défendre ce spectacle, 5 comédiens, tous chanteurs et musiciens également. Dans le rôle de Courgette, Garlan Le Martelot est bluffant et déroutant de justesse. A ses côtés, Vanessa Cailhol Florian Choquart, Lola Roskis Gingembre et Vincent Viotti, alternent entre jeu et musique tout en jonglant avec une facilité déconcertante entre divers personnages. Leurs interprétations sont remarquables et elles nous envoutent littéralement.
En Bref.
Vous l’aurez compris, encore un petit bijou qui serait regrettable de louper. Ce spectacle est une bulle d’espoir, d’amour et d’humanité porté par des artistes incroyablement talentueux. Allez-y les yeux fermés, vous ressortirez émerveillés de cette pièce musicale qui réchauffera, sans nul doute, votre coeur. Émotions garanties !
L’INFO TOUT COURT
Le 19 juillet 2022
Courgette nous raconte l’histoire tendre et poétique d’un jeune garçon qui se retrouve en foyer à la suite d’un accident familial.
Une distribution pleine de charme
Nous sommes complètement tombés sous le charme de Vanessa Cailhol et de sa voix qui est un réconfort à elle seule pour les cœurs décousus. Elle incarne chacun de ses personnages avec beaucoup de talent et de sincérité, à commencer par la jeune et douce Camille qu’elle incarne avec juste ce qu’il faut de candeur. Elle nous fait rire dans la peau de Rosy, l’éducatrice un peu rétro au grand cœur.
Vincent Viotti est quant à lui touchant dans son rôle de père de substitution pour Courgette. Personnage lui aussi cabossé par la vie, l’affection et la tendresse qu’il éprouve à l’égard de ce petit garçon deviennent le fil rouge de l’histoire, l’espoir auquel on s’accroche au milieu de ces drames.
Un récit initiatique dynamique
L’adaptation de Pamela Ravassard et Garlan le Martelot traduit à merveille la naïveté enfantine du récit de Gilles Paris, et la mise en scène insuffle à la pièce un dynamisme enthousiasmant. La musique, très présente, devient presque un personnage à part entière de l’histoire par le rôle de transmission qu’elle joue.
Ainsi, les cinq comédien(ne)s jouent également, en live, la très belle bande-son et les bruitages qui accompagnent le récit et le rendent encore plus vivant et vibrant. Ils passent de leurs instruments à leurs personnages et de leurs personnages à leurs instruments – mais aussi d’un rôle et d’un costume à un autre – avec une efficacité et une fluidité admirables.
Cette joyeuse équipe nous plonge dans l’enfance avec ses doutes, ses drames, ses joies simples et ses questions qui fusent. Elle nous offre des moments tendres et poétiques, d’autres plus cocasses, et quelques tableaux très drôles comme les virées à bord de la voiture de Raymond (où l’on s’attendait d’ailleurs à entendre résonner la voix de Céline Dion) ou le mémorable cours de ski !
Tout est bien qui finit un peu trop bien pour être vrai, mais qu’importe. Sans doute qu’il nous faut au moins garder cela de l’enfance, cette capacité à espérer sans limite.
Mélina Hoffmann
Arts-chipels.fr
09/06/2022
COURGETTE. UN RAYON DE SOLEIL POUR TROUER LE CIEL NOIR.
Quand l’enfance n’est pas un royaume enchanté, il y a toujours quelque part un coin préservé pour l’espoir. C’est la leçon qu’apporte Courgette dans ce joli spectacle, admirablement ficelé, qui nous plonge au cœur d’enfances plus que perturbées…
« Quand j’étais petit, je voulais tuer le ciel. » C’est l’entrée en matière
plutôt sombre que dresse Icare, alias Courgette. Pour lui, s’appeler Icare ce n’est pas tutoyer le ciel ni même vouloir l’approcher de trop près. Car, que peut-on faire, nous dit-il en face, quand on a un père qui boit et une mère qui vous bat ? Sa colère, il ne la tourne pas contre ses parents mais contre le ciel, qui laisse faire. Il voudrait le butter… Un jour, en fouillant dans les tiroirs de la commode, il dégotte un revolver. Presque sans y penser, il s’en empare. Ce jour-là, sa mère est d’humeur violente. Il va s’en ramasser une, c’est sûr… En se défendant, le coup part, sa mère aussi du coup, qui monte au ciel, lui dit- on, ce ciel qu’il avait le projet de tuer. Il expose la situation à un flic, pour une fois compatissant et sympathique. On le place au foyer « Les Fontaines ». Il sera confié à des professionnels – « C’est quoi un
z’éducateur », demande-t-il quand on lui parle de ceux qui vont s’occuper de lui…
Un mélodrame en puissance…
Un néon indiquant « Les Fontaines » s’allume au-dessus d’une rampe d’escalier qui semble irréelle et dont la main courante trace comme un sillon lumineux dans l’espace. Elle est à la fois la limite du foyer qui enferme les enfants perdus, le chemin de ronde d’où ils peuvent contempler leur histoire, l’espace où se déploie l’imaginaire et où s’’élaborent les rêves et un escalier qui rappelle ceux de l’école. Le lieu du « foyer » en même temps qu’un espace intérieur, intime. Au foyer, l’ambiance n’est pas franchement cordiale ni rose chez les enfants. C’est plutôt visage fermé et agressivité. Sont rassemblés là des laissés-pour compte, des enfants battus, cassés, abandonnés, des petits durs, des orphelins, chacun avec une histoire plus terrible que celle de son voisin, pour qui il n’existe pas de maison dont on puisse rêver et pour qui les cœurs sont depuis longtemps décousus. Ils sont rageurs, parfois pleins d’hostilité, et Icare-Courgette se voit affubler de tous les sobriquets de cucurbitacées – potiron, butternut, ou autres, au choix. Un petit pas de plus et on pourrait se croire dans une histoire façon Sans famille, à faire pleurer dans les chaumières.
Une vision « positive » de la réalité
Tout n’est cependant pas si noir. Au contraire. C’est une des caractéristiques de la fable que de ne pas succomber au pessimisme ou à la dénonciation de l’inacceptable – contre lequel on ne peut rien. Les « zéducateurs », la directrice, et même la psychologue, qui « s’occupent mieux de nous que le bon dieu », malgré leurs petits travers, leur paternalisme, leurs questions incisives, insistantes, pour pénétrer dans l’intimité des enfants et y traquer ce que ceux-ci masquent soigneusement, sont sympathiques, attentifs, empathiques et ouverts. Ils essaient de faire quelque chose. Les comédiens qui les incarnent passent de l’ado boudeur et furibard, en guerre contre la terre entière, à l’adulte gentiment caricatural mais néanmoins de bonne volonté dans un jeu de transformations réjouissantes, réalisées à rythme échevelé. Celui qui les introduit dans son histoire, c’est Courgette, et Courgette est doté d’un optimisme à toute épreuve. Il met de la lumière dans tout ce qui l’entoure, enchante ce qui n’était que tourment, réveille la beauté enfouie sous la boue.
En musique, dans les méandres de la mémoire
Le récit, Courgette en est le chef d’orchestre, et d’orchestre il sera question car la musique et le chant accompagnent de part en part ces moments de vie que le jeune garçon extrait peu à peu, et de plus en plus à mesure que la petite musique des âmes des histoires personnelles des différents protagonistes se libère et prend son envol. L’une des forces de la fable réside dans la subjectivité du récit et dans les strates qu’elle dévoile progressivement, au fil des péripéties qui animent la vie de la petite communauté. Dans un langage volontairement naïf, imagé, emprunté à l’enfance, des histoires terribles se racontent tandis que la musique fait la deuxième voie, le commentaire. En contrepoint, Petite Fleur voisine avec Jimmy de Moriarty, la Panthère rose fait bon ménage avec un Noël aux accents rock et la Claire fontaine accompagne John Lennon ou les Cowboys fringants. Ça swingue, ça pulse, ça se démène et la voix délicieuse de Vanessa Cailhol ajoute son petit parfum de frais à un chœur plein d’entrain et de rythme.
Une histoire d’amour et d’amitié
Et puis il y a cette manière de raccrocher les étoiles dans le ciel, de cheminer entre émotion et rire sans jamais sacrifier au pathos. Parce qu’il y a Camille à qui Courgette veut faire retrouver la couleur de ses yeux, Simon l’énigmatique dont Courgette va gagner l’amitié, le policier avec qui Courgette se lie de plus en plus. Et cela fait du bien d’entrevoir le soleil quand il pleut. Si au bout du chemin, tous n’arrivent pas au même point, si tous n’ont pas les mêmes outils, pas les mêmes chances, et même si ces enfants sont parfois « des fleurs sauvages que personne n’a envie de cueillir », ça vaut le coup de se préparer, de tenter l’expédition, même si, de toute façon, elle sera longue et parsemée d’embûches. Au pays de Courgette, on ne fait pas toujours ce qu’on veut, mais on a cependant un impact sur sa propre vie… Sarah Franck
Courgette d’après le roman de Gilles Paris
ESPRIT PAILLETTES
Le 11 juillet 2022
Après « Ma vie de courgette », le dessin animé double césarisé, voici l’histoire de l’orphelin Courgette adaptée dans une mise en scène très réussie et musicale .
Les personnages sont tous attachants. Ils sont incarnés avec beaucoup de justesse par des comédiens et comédiennes qui se dédoublent (se détriplent et se déquadruplent). Passant de la naïveté poétique de l’enfance au monde désaccordé des adultes en un changement d’accessoires.
Le cri doux et puissant du blues les porte tout au long de la pièce. L’harmonica de Courgette répond à la voix tantôt douce tantôt rock de Camille et aux cordes grattées de Raymond. Batterie, piano, guitare… les instruments sont sur scène, intégrés dans un décor mis en place ingénieusement sur deux niveaux.
C’est une pièce pleine de lumière qui traite pourtant de la noirceur. C’est très cohérent, juste et précis.
Je vous recommande cette pièce pour vous immerger dès le réveil dans la magie d’Avignon. Comme un café chaud du matin, à la fois puissant et d’une chaleur réconfortante.
Tours et Culture
Le 11 juillet 2022
Alerte coup de coeur ! J’avais beaucoup aimé le film d’animation adapté du roman de Gilles Paris et je l’avoue, j’avais un peu peur d’être déçue par la version théâtre… Pourtant, les noms de Vanessa Cailhol et Pamela Ravassard déjà applaudies dans d’autres festivals d’Avignon m’ont poussée à y aller… pari plus que gagné !
L’adaptation du roman est très réussie, la musique rythme la pièce et offre de belles respirations, il y a une très belle bande originale à ce spectacle! Les comédiens jouent de multiples rôles avec brio, ils savent tout faire, jouer de la musique, chanter, être aussi juste dans le rôle d’un enfant que d’un adulte… , tous au diapason, quel bonheur !
Autant d’émotion (j’ai versé ma première petite larme de ce festival…) que de rires (les apparitions de Rosy l’éducatrice ou de la directrice, ou encore la leçon de ski sont hilarantes!), de drame que d’espoir, bref, une pièce à aller voir sans hésiter!
Marie-Laure Chassel
DE LA COUR AU JARDIN
01/07/2022
Courgette
Gens des Fontaines, vous nous contez une bien belle fable ! Les Fontaines, c’est un centre éducatif dépendant de la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Un « centre pour enfants écorchés », ceux dont l’histoire difficile fait qu’ils doivent être séparés de leur famille.
Des enfants dont le monde des adultes proches a été défaillant. Les Fontaines, c’est ce foyer pour jeunes mineurs dans lequel va se retrouver Icare, alias Courgette, à la suite d’un drame.
Un père qui l’a abandonné, une mère alcoolique, un petit de 9 ans qui trouve un révolver et qui veut « tuer le ciel », un coup qui part… Les Fontaines, c’est le lieu principal du roman de Gilles Paris, Autobiographie d’une courgette, que Pamela Ravassard, directrice de la compagnie Paradoxe(s), et Garlan le
Martelot ont eu l’excellente idée d’adapter et de monter pour les planches. Un conte pour enfants abimés qui pourrait commencer par « il était une fois, pas si belle que ça » Une histoire de reconstruction(s), de résilience.
Pour adapter cette histoire-là, il faut une vision très juste du monde de l’enfance, sans mièvrerie ni angélisme. Rien ne serait plus insupportable qu’un pathos de mauvais aloi. La première qualité de cette entreprise artistique très réussie, c’est justement d’avoir placé le curseur à son exacte position : mêlant à la fois réalisme, poésie, émotion et humour, Pamela Ravassard et Garlan le Martelot sont parvenus admirablement à transposer ce roman pour en tirer un spectacle d’une grande finesse et d’une grande subtilité. Un spectacle aux parti-pris plus judicieux les uns que les autres.
Tout au long de cette heure et demie, nous allons être émus, bouleversés, nous allons rire, aussi. Souvent, même. Je me suis passionné pour les aventures de cet Icare qui nous confronte à une terrible réalité, certes, mais qui nous embarque également dans son monde à lui et à la vision qu’il en a.
Cette adaptation relèvera également de la comédie musicale. La belle scénographie de Anouk Maugein que nous découvrons dès notre arrivée dans la salle ne laisse planer aucun doute : une « fosse d’orchestre », avec différents instruments déjà installés, complètement entourée d’une scène blanche surélevée du plus belle effet. Frédéric Minière en a composé les jolies musiques, elles aussi sans mièvrerie ni effets déplacés ou aguicheurs. Différents tableaux vont donc se succéder sans jamais aucun temps mort ni baisse de rythme. Cinq comédiens-musiciens vont interpréter tous les personnages (et il y en a beaucoup) de ce conte des temps modernes. Ces cinq artistes, les fidèles lecteurs de ce site les connaissent bien pour les avoir joliment croisés à plusieurs reprises.
Des artistes qui pour quatre d’entre eux vont jouer des rôles d’enfants, et qui vont nous faire croire totalement que nous avons devant nous de très jeunes gens et jeunes filles que des circonstances diverses ont envoyés dans ce foyer. Garlan le Martelot en personne sera Icare. Le narrateur de l’histoire. Dès ses premiers mots, il nous attrape pour ne plus nous lâcher. Le comédien, avec à la fois beaucoup d’engagement et de retenue, nous dépeint immédiatement de façon très précise et très fine cet enfant de 9 ans (bientôt 10…) qui se débat entre un terrible passé et un avenir qui est loin d’être tracé. Son personnage est gouailleur, certes, mais nous comprenons très vite ses failles et ses blessures.
Une très belle composition. Vanessa Cailhol est de la partie, avec tout le talent que nous lui connaissons. Elle est notamment Camille, la camarade de Courgette, à qui elle confère une grande intensité, une belle profondeur. Comédienne, chanteuse, danseuse émérite, elle nous démontre ici ses grandes qualités de musicienne, au violon et à la basse électrique.
Nous croirons totalement à la belle histoire d’amour enfantine entre ces deux enfants, racontée et mise en scène avec beaucoup de délicatesse.Elle sera également Rosy, l’éducatrice, dans un formidable costume ! Coup de chapeau à Hanna Sjödin !
Florian Choquart est quant à lui Simon, autre enfant placé, un peu rebelle, aux failles profondes. Sa dernière scène, notamment, nous émeut beaucoup. Batteur, pianiste, lui aussi est un musicien accompli. Il interprète également avec beaucoup d’humour le rôle de la directrice des Fontaines, à qui il confère parfois des faux airs de la célèbre «Mikeline» d’Elie Semoun. Il est alors très drôle.
Lola Roskis-Gingembre est quant à elle Ahmed, autre pensionnaire du centre. Elle aussi est d’une justesse irréprochable, totalement au service du personnage Elle interprète également de façon épatante le rôle d’une psychologue. Elle m’a beaucoup fait rire, me rappelant l’une de ses consœurs, bien réelle celle-ci… Melle Roskis-Gingembre est également pianiste, qui nous démontre elle aussi un beau talent musical.
Et puis, voici Vincent Viotti, qui joue le rôle de Raymond, l’adulte que vont avoir la chance de croiser ces enfants. En l’occurrence, ce sera un gendarme bourru au grand cœur, que la vie a elle aussi bien sonné. C’est lui qui prononcera cette belle phrase : « Des fois, les enfants sont cassés, ils ont besoin d’être réparés… » Et nous de comprendre que les réparations iront dans les deux sens. Lui aussi est d’une justesse irréprochable et d’une grande intensité. Le comédien interprète par ailleurs de façon jubilatoire un moniteur de ski savoyard (ou franc-comtois, Melle Ravassard, allez savoir…), au formidable accent traînant. Vincent Viotti nous fait aussi découvrir son très beau jeu à la guitare acoustique.
Une grande cohésion règne entre les membres de ce Club des Cinq. La petite troupe est très cohérente, dirigés avec beaucoup de maîtrise par Pamela Ravassard. Une belle cohérence de tous les instants règne sur le plateau. Ce spectacle pour petits et grands a tout d’une vraie réussite, tant sur la forme que sur le fond. L’un de ceux dont il serait dommage de passer à côté.
Yves Poey
Le Monde du ciné (coup de coeur)
La Compagnie Paradoxe(s) nous propose une merveilleuse création de théâtre musical adapté du roman Autobiographie d’une Courgette !
On nous sert ici un personnage de Courgette naïf, rayonnant et donc attachant dès les premiers instants.
Autour du titre de Moriarty,Jimmy, les artistes nous accompagnent de leurs voix réconfortantes après chaque moment tragique. On alterne ainsi entre claques (à tous points de vue) et caresses grâce à des artistes tous bourrés de talent-s. L’ambiance sonore est savamment composée. La musique s’insère merveilleusement dans le texte. Un peu comme un livre d’image à la différence qu’il s’agit ici d’un livre d’image sonore. Le
texte est un bonheur rare dans lequel la tension retombe toujours à point nommé.
Dans son apparente simplicité, la scénographie est poétique. On entre dans ce foyer avec la sensation d’être dans un cocon.
Tout amène à une ambiance puérile. En revanche, ici, puéril n’est pas un gros mot, c’est même tout le contraire. La mise en scène est récréative portée par une direction d’acteurs maitrisée.
Les enchaînements sont précis et les changements de personnages épatants. En un battement de cils, ce ne sont pas des comédiens adultes mais des enfants qui nous entrainent dans leur univers.
Vous ressortirez complètement enchantés.
L’Histoire :
À la suite d’un accident familial, Icare, alias Courgette, se retrouve dans un « foyer pour
enfants écorchés » où il rencontre Simon, Ahmed, et la mystérieuse Camille.
Là où le jeu et la poésie deviennent une nécessité, ils vont apprendre à se construire, à «
s’élever » et à « recoudre » leur cœur… Et puis il y a Raymond, le gendarme, qui va peu à
peu endosser le rôle de père de substitution, et qui, grâce à Courgette, va aussi reprendre
goût à la vie…
Rencontrer autrui devient la possibilité d’un espoir, hors de tout déterminisme, en faisant
preuve de résilience
Vincent VIOTTINNE